Lorsque l’on parle de cheval polonais, il conviendrait de dire chevaux polonais. Car il existe en fait, plusieurs « variétés » de chevaux polonais.
Caval&go s’est intéressé à leur évolution qui, au fil du temps, a généré les chevaux polonais tels que nous les voyons aujourd’hui sur les terrains de sport, mais pas uniquement...
L'histoire du cheval polonais
Il faut remonter à avant la Seconde Guerre Mondiale pour trouver les origines du cheval de sport polonais. Le but premier était de créer des montures pouvant performer lors de compétitions sportives internationales.
Le Wielkopolski et le Malopolski sont les races historiques de la Pologne, mais leurs capacités sportives en saut d’obstacles et en dressage équestre laissaient à désirer. Elles furent donc mélangées avec du Hanovrien, puis du sang Selle Français et KWPN a été ajouté.
Aujourd'hui l’appellation exacte du cheval de sport polonais est en fait le Demi-Sang Polonais dont la production est à 100% orientée compétition.
S’il possède depuis peu son propre studbook, il a la particularité de ne pas être considéré comme une race.
Les différents croisements donnent un cheval grand, de gabarit plutôt costaud, notamment au niveau de la croupe qui est bien musclée et des jambes dont la solidité est un des critères de référence.
Fin 1990, son élevage se limite aux haras nationaux polonais. L’évolution du marché des chevaux de sport ainsi que les performances sportives recherchées, rendent inévitable le mélange de courants de sang différents, notamment du sang « sportif » étranger.
Si ce studbook comptait 82 étalons et 163 juments en 2009, ces chiffres explosent en 2003 : 703 étalons et 3 342 juments ! Ce sera la plus forte évolution.
Le cheval polonais dans le monde du sport
Au niveau international, puisque c’est le secteur visé, l’élevage du Demi-Sang Polonais ne concerne que la compétition sportive.
Pour ceux qui s’intéressent au saut d’obstacles de haut niveau, vous connaissez sûrement le cavalier belge Grégory Wathelet. Mais saviez-vous que son cheval MJT Nevado S, Champion du Monde des 7 ans en 2015, est un Demi-Sang Polonais ?
Vous l’aurez compris, le studbook du cheval de sport polonais commence de poser ses jalons, sans grande visibilité mondiale pour le moment.
Néanmoins, en 2018, il pointe à la 18ème place en saut d’obstacles, à la 15ème en concours complet et à la 19ème en dressage.
Mais si votre objectif n’est ni les Jeux Olympiques, ni les Championnats du Monde, pensez au Demi-Sang Polonais; au vu de ses qualités, vous pourrez vous faire plaisir avec lui en randonnée équestre car il est un très bon cheval d’amateur et de loisir, grâce à son énergie, son courage et son calme.
Les caractéristiques du cheval polonais
La taille du Demi-Sang Polonais est fixée, pour le moment, dans une tranche variant de 1m65 à 1m75. Pour la suite, tout dépendra des croisements déjà effectués et ceux à venir. Donner des caractéristiques précises s’avère mission impossible.
3 « lignées » distinctes se détachent : celle du dressage où l’harmonie prime, celle du concours complet où endurance et puissance sont recherchées, et celle du saut d’obstacles où taille et jambes fortes sont essentielles.
Un studbook diversifié
Sa création relevant de la mixité de plusieurs courants de sang étrangers, le Demi-Sang Polonais ne pourra pas obtenir l’appellation de « race ». Pour perdurer, ces mélanges devront continuer, être améliorer pour répondre à la demande, et par conséquent, le sang d’origine continuera d’être dilué encore et encore.
Il est donc normal de retrouver inscrit au studbook du Cheval de Sport Polonais, tout chevaux ayant pour origine le Demi-Sang Polonais, le Wielkopolski, le Malpolski, le Silésien, le Pur-Sang, l’Anglo-Arabe, le Pur-Sang Arabe … et tout cheval présentant les critères requis par le studbook…
Le point positif est que du fait de tous ces croisements, le taux de consanguinité restera bas !
Le Trakehner
Ne soyez pas surpris : le Trakehner est bien un cheval polonais. Tout du moins à l’origine, car aujourd’hui, il est répertorié comme cheval allemand.
Né au XVème siècle, le Trakehner trouve ses origines en Prusse Orientale, qui est aujourd’hui la Pologne.
Comme pour beaucoup de chevaux, la Seconde Guerre Mondiale fit des ravages, réduisant fortement leur nombre. L’Allemagne sauvera finalement le Trakehner en relançant l’élevage.
Le Trakehner se révèle être la race la plus ancienne de la catégorie « cheval à sang chaud ».
Très proche du Pur-Sang
Sa similitude avec le Pur-Sang le rend attractif. Mais l’ajout d’autres sangs font du Trakehner un cheval de sport qu’affectionnent les cavaliers, y compris internationaux.
Le meilleur représentant de la race est sans aucun doute le puissant gris (assez rare comme robe pour cette race) Abdullah, performant en saut d’obstacles, qui a remporté 2 médailles olympiques à Séoul en 1984 et une autre lors de la Coupe du Monde à Berlin-Ouest en 1985, sous la selle du cavalier américain Conrad Homfeld.
Sa rapidité d’apprentissage, son calme (moins fougueux que le Pur-Sang), son physique équilibré font du Trakehner un cheval très apprécié en dressage et saut d’obstacles.
En regardant un Trakehner, vous trouverez forcément des ressemblances physiques avec le Pur-Sang et l’Anglo-Arabe. Rien de surprenant à cela vu les afflux de sang de ces 2 races.
Pour ce qui est des capacités physiques, il se rapproche plus des classiques chevaux de sport européens que sont le KWPN et le Selle Français, avec moins de taille et plus de légèreté.
Voilà pourquoi, il n’est pas rare de croiser des Trakehner sur les terrains de concours.
Le Konik
Du haut de son mètre 35 et de ses 400 kg, il est un trésor pour la Pologne de par ses origines. Vivant à demi-sauvage, le Konik, ou Konik Polski, est officiellement reconnu comme ayant la plus grande ressemblance génétique avec le Tarpan; il est donc officiellement descendant de ce cheval sauvage primitif originaire d’Europe.
Tout commença avec les Tarpans
En 1780 (ou 1806 : les dates divergent), la capture du dernier troupeau de Tarpan en Pologne, dans la forêt de Bialowieza, permit de sauver la race, de justesse. Mais pour assurer cette survie, les Tarpans furent croisés avec d’autres chevaux, ce qui aboutit finalement à la disparition de l’espèce d’origine. Ainsi sont nés les Konik.
Pour la petite histoire, le nom de Konik est le diminutif de Koń qui veut dire cheval en polonais.
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A partir de 1923, l’élevage de Konik se restructure afin de produire des chevaux ayant les caractéristiques typiques et primitives, telles que la couleur de la robe gris-souris et la raie de mulet.
Menacé de disparition
Le Konik n’échappa pas lui non plus, aux conséquences dévastatrices de la Seconde. La majeure partie du troupeau de Bialowieza fut dispersé en Allemagne, et certains de ces chevaux furent tués.
Les Konik n’avaient ni la morphologie ni la couleur d’un cheval militaire, mais les généraux de l’occupation allemande, curieux de cette initiative, ont autorisé les polonais à poursuivre l’élevage de leur race si typique.
Une rusticité salvatrice
Sa résistance aux aléas climatiques, sa capacité à trouver lui-même de quoi se nourrir dans les marais et les bois, font du Konik un cheval facile à élever.
Dans la région isolée de Bilgoraj, les Konik avaient un fort taux de gênes Tarpan. Les paysans, devant l’endurance de leurs chevaux, ne les nourrissaient que lorsqu’ils travaillaient. Cette façon de vivre a très certainement fixé ces gènes originaux.
Désormais, le Konik vit à l’état semi-sauvage en Pologne depuis 80 ans, dans leur réserve d’origine de Bialowiesa, mais également dans le parc national de Roztoczanski et dans la réserve de Popielno, où il se reproduit en liberté.
Si vous souhaitez voir le Konik dans son pays d’origine, outre les réserves naturelles citées précédemment, il existe des élevages plus « traditionnels » comme les Haras Nationaux de Sierakow, Popielno, Dobrzyniewo, Racot, et l’Académie Agricole de Poznan.
Un bon ouvrier agricole
Grâce à ses capacités physiques et mentales, le Konik permet d’entretenir des sites naturels, et particulièrement les zones humides. Il peut même reconstituer la diversité floristique et faunistique de ces lieux.
Aux Pays Bas, le Konik tient un rôle essentiel dans la réserve d’Ostvaardersplassen. Grand mangeur d’herbe et de plantes en tout genre, le Konik entretient les grands espaces, en compagnie d’autres animaux, tels que des cerfs.
Car oui, malgré son côté sauvage et rustique, le Konik est très sociable !
Les Pays Bas sont des précurseurs quant à « l’utilisation » des Konik. Depuis 1995, dans la réserve de Kleine Weerd, des Konik entretiennent les berges de la Meuse, d’où la renaturation d’une bande d’un 1km de long sur 100m de large, avec la création de zones inondables.
Si vous passez à Masstricht, n’hésitez pas à aller voir ces Konik. La zone est ouverte au public, avec pour seule condition : ne pas toucher ou s’approcher des chevaux.
Il est tout à fait possible de monter ou d’atteler un Konik, mais sa force importante vu sa taille et sa résistance physique, le prédestinent plutôt à la gestion écologique d’espaces naturels.
Nous pouvons dire que ce petit cheval paysan est sauvé, bien que la population Konik ne compte que 2 000 chevaux dans le monde.