L'équitation éthologique

Éthologie : ce mot aurait-il pris tout son sens avec le cultissime film de Robert Redford, L’homme qui murmurait à l’oreille des chevaux ?

Caval&go s’est penché sur ce phénomène souvent controversé, parfois mal interprété : l’équitation éthologique.

Qu'est ce que l'éthologie ?

En grec, ethos veut dire mœurs et logos signifie science. L’éthologie est donc la science des mœurs, chez les humains et les animaux.

Les habitudes et comportements sont étudiés selon le style de vie : domestication, vie en milieu naturel, lors d’études ou en captivité.

L’éthologie équine est donc la science comparative du comportement du cheval dans son cadre de vie.

Ce cadre de vie est important car le cheval étant un animal grégaire préférant fuir que d’affronter le danger, la manière de vivre et l’éducation auront un impact sur son fonctionnement.

L’éthologue prendra en compte, de manière scientifique avec rigueur et précision, les données qui lui seront fournies afin de mettre en place des process d’actions adaptés au contexte.

3 hommes et un Prix Nobel …

Le zoologiste français Isidore Geoffroy Saint Hilaire utilise pour la première fois le terme « éthologie » en 1855. Mais cette discipline acquit sa notoriété et sa crédibilité grâce à trois hommes :

  • le biologiste néerlandais Nikolaas Tinbergen,
  • le professeur de zoologie allemand Karl Von Frisch
  • le biologiste – éthologue –zoologiste autrichien Konrad Lorentz.

Tous trois furent Prix Nobel de Médecine en 1973, chacun dans son domaine, mais Tinbergen et Lorentz sont considérés comme les fondateurs de l’éthologie.

Aujourd'hui on parle d'éthologie moderne, celle-ci s’articule autour de la méthode Tinbergen qui repose sur 4 thèmes :

  • causalité immédiate : quels facteurs internes ou externes déclenchent un comportement ?
  • fonction : quelle est la fonction de ce comportement, en quoi est-il utile pour la survie de l'animal à court ou long terme ?
  • ontogénèse : comment ce comportement se met-il en place durant le développement de l'animal ?
  • phylogénèse : comment ce comportement est-il apparu au cours de l’évolution, est-il commun à d'autres espèces ?

Ces 4 questions, base de l’éthologie moderne, sont restructurées en 2 grands thèmes :

  • les « causes proximales » qui regroupent la causalité immédiate et l'ontogenèse,
  • les « causes ultimes » qui traitent de la fonction et de l’évolution.

L'éthologie équine est différente de l'équitation éthologique.

L'éthologie équine est différente de l'équitation éthologique.

Vous l’aurez compris, l'éthologie équine est différente de l'équitation éthologique. La différence est très simple : l’éthologie est une science et l’équitation éthologique regroupe des techniques de dressage inspirées de l’éthologie.

Cette différence tient également au parcours de formation : pour être éthologue, un cursus universitaire est nécessaire, alors que pour pratiquer l’équitation éthologique, il convient de suivre des formations pratiques validées par les Savoirs Éthologiques de la FFE et/ou passer l’unique diplôme d’enseignant reconnu, le BFEE (Brevet Fédéral d’Équitation Éthologique). 

Une discipline made in USA

Le véritable démarrage de l’équitation éthologique telle que nous la connaissons aujourd’hui, date du siècle dernier lorsque des dresseurs et écuyers de l’ouest américain utilisaient des méthodes douces pour dresser leurs chevaux.

Mais pour être tout à fait juste, s’occuper des chevaux avec douceur revient à Xénophon, écuyer reconnu de l’Antiquité. Il utilisait et conseillait déjà le principe du « conditionnement coopérant », et était conscient que récompenser valait bien mieux que punir. Les Grands Maîtres de l’équitation française tel Baucher ou La Guérinière recommandaient l’observation de l’attitude du cheval en liberté, et l’absence de brutalité vis-à-vis des chevaux,

Mais c’est le dresseur américain John Solomon Rarey qui a refondé l’équitation éthologique via le « horsemanship ».  Le principe de base est d’apprendre à « parler » cheval. 

Autre item, ne pas brûler les étapes : avant de monter sur son cheval, il faut déjà comprendre comment il fonctionne, et donc débuter par un travail à pied.

Les chuchoteurs

Les chuchoteurs

Quelle amoureux-ses des chevaux n’a pas vu L’homme qui murmurait à l’oreille des chevaux ?

Ce film sorti en 1995 a largement contribué à la popularisation des chuchoteurs (dénomination d’ailleurs contesté par les personnes concernées), et par là-même occasion, de l’équitation éthologique.

Pour la petite histoire, l’appellation de chuchoteur vient d’Irlande. Le dresseur Daniel Sullivan s’était fait enfermer avec des chevaux indomptables et en était ressorti quelques heures après, avec un cheval calme et docile. 

Il n’en fallut pas plus pour oublier qu’à l’origine de l’équitation éthologique moderne, il y a … d’anciens champions de rodéo ! Ces cow-boys voulant casser cette image rude du rodéo, proposèrent une autre version de l’équitation western classique, une version empreinte de douceur et des traditions buckaroo (cow-boy ne faisant pas de rodéo).

Les frères Bill et Tom Dorrance, inspirateurs de l’équitation éthologique, transmirent leurs connaissances à travers les Etats-Unis. Ray Hunt, leur « héritier », dispensera à son tour son savoir.

Apparurent ensuite de nouvelles méthodes conçues par de grands noms bien connus de l’équitation éthologique.

Monty Roberts, Pat Parelli and co

Monty Roberts, Pat Parelli and co

Monty Roberts et Pat Parelli sont désormais LES références en la matière, et s’appuient sur une stratégie marketing et commerciale bien ficelée : livres, prestations télévisuelles, vidéos, …

Chacun ancra sa renommée en personnalisant sa méthode : le « join-up » pour Monty Roberts, et les « 7 jeux » pour Pat Parelli, méthode labélisée PNH : Pat Parelli Horsemanship.

Des méthodes très diverses

Cette activité ne reposant pas sur des données scientifiques mais plutôt sur une philosophie personnelle, nombreuses sont les méthodes qui ont vu le jour :
- la Imprint Training du vétérinaire américain, le Dr Miller : appliquée au poulain dès sa naissance, il est question de « désensibilisation » et «  d’imprégnation comportementale » afin de créer un lien entre le poulain et l’homme.
-  la TTouch : la dresseuse canadienne Linda Tellington-Jones (d’où le nom de TTouch) préconise le toucher par effleurements et massages pour reprendre en main des chevaux rétifs ou débourrer des jeunes chevaux (comme dans la série télévisée canadienne Heartland, où l’on retrouve le join-up également).  
- l’italien Bino Jacopo Gentili fonde sa méthode sur le langage corporel, tout comme l’allemand Klaus Ferdinand Hempfling, auteur de nombreux ouvrages.
- le Leadership passif : l’entraîneur du Colorado Mark Rashid ne parle jamais de méthode dans ses stages …
- les « pieds nus » : cette tendance très actuelle doit sa notoriété à l’ancien maréchal –ferrant Jaime Jackson, connu pour apporter des soins naturels aux sabots et fervent militant des chevaux aux « pieds nus ».

Retrouvez notre séjour à cheval et découverte de la méthode Parelli en Andalousie

L'équitation éthologique en France

L'équitation éthologique en France

L’hexagone n’échappe pas à la mode de l’équitation éthologique où 4 courants se distinguent :

- le Haras de La Cense : le temple de la discipline ! Inspirée des techniques de Pat Parelli, la Méthode La Cense s’adresse aussi bien au cheval qu’au cavalier. Ce programme de formation se découpe en 8 degrés validant la progression dans l’apprentissage. Il concerne aussi bien les amateurs que les professionnels.
- l’École Blondeau : son crédo, « simplifier la vie des hommes, la rendre agréable aux chevaux ». Cette méthode basée sur le relâchement mental et musculaire du cheval vise à une meilleure compréhension et acceptation de qui lui est demandé, permettant ainsi, une meilleure sécurité des grooms et des cavaliers.
- la Méthode EdC : si Élisabeth de Corbigny est une adepte de John Lyons, elle s’est également inspirée de Pat Parelly et de Monty Roberts. Son but : «pratiquer une équitation plus juste et plus respectueuse de l’intégrité physique, mentale et émotionnelle des chevaux », en privilégiant les aides légères.
- Véronique de Saint Vaulry : elle se définit comme une « chercheuse en équitation psychologique ». Artiste, auteure, ex-professeure de lettres, elle est vice-championne d’Europe de Trec, discipline qui l’a amenée à s’intéresser au mental et à la psychologie du cheval.
- Andy Booth : cet australien installé en France depuis 2001, a importé le Horsemanship, base de sa propre méthode : le Cursus Horseman Science, qui a pour objectif, l’évolution des « pratiques équestres vers une équitation plus éthique ». Selon lui, l’équitation éthologique devrait être la base de toutes les disciplines équestres.

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