C’est probablement Charles Martel, qui, en repoussant les Sarrasins des plaines du Vouillé en 732, a permis l’implantation et la constitution de la race d'Auvergne. En effet, après leur défaite, les Sarrasins vont y abandonner une partie de leur cavalerie dont s’empareront les Barons du pays. Les départements de la Creuse, de la Haute-Vienne et de la Corrèze vont donc se peupler des descendants de ces petits chevaux orientaux pour former ce que les anciens hippologues nommaient la race limousine, fort estimée. Il semblerait que ces chevaux constituent la souche d’une population qui va essaimer au cours des siècles suivants dans tout le Limousin et l’Auvergne.
Sur les traces du cheval d'Auvergne
Des documents du XVII° siècle décrivent un petit cheval de type oriental, très rustique, assez proche du sang, et en 1834, Louis-Furcy Grognie définit le cheval d'Auvergne comme « une émanation affaiblie de la race Limousine, résultat immédiat du sang oriental ».
Les écrits de cette époque sont d’ailleurs unanimes s’agissant de vanter les qualités de ces chevaux, qui, « mieux que les Limousins et tous les autres chevaux d’Europe, gravissent les sommets les plus escarpés et courent sur les penchants des précipices » et qui, « élevés sur de maigres pâturages, sont faciles à nourrir et peuvent supporter de longues abstinences ».
Si, des siècles durant, le climat, le relief et les pâturages du Massif Central ont façonné sa silhouette, il va connaître avec la création des Haras au cours du XVII° siècle une transformation radicale.
Deux branches du cheval d'Auvergne
C’est à partir de là, en effet, que la population de l’ancien cheval d’Auvergne va se scinder en deux branches, plus ou moins distinctes. La première branche, gérée par les Haras et les éleveurs se trouvant dans leur zone d’influence, va concourir à la production du demi-sang d’Auvergne, cheval de guerre par excellence, dont les guerres d’empires font grande consommation.
Suite à de multiples croisements, avec de l’Anglais et de l’Anglo-arabe principalement, le type va y perdre de ses qualités premières, et cette production étant soumise aux besoins impériaux, va s’amenuiser peu à peu, pour disparaître avec la fin de l’utilisation guerrière du cheval.
Parallèlement, une utilisation rurale et agricole va permettre le maintien d’une seconde branche. Là encore, le type primitif va absorber de nombreux apports de sang étranger, mais pour produire « un cheval à deux fins », c’est à dire, pouvant, tout en conservant sa rusticité, produire du mulet, l’instabilité du prix et de la demande du cheval de remonte militaire poussant une majorité de paysans à lui préférer la production du mulet, et assurer le transport et les travaux agricoles.
Dès la fin du XVIIIème et tout au long du XIXème siècle, l’engouement pour un cheval de type trait est de plus en plus flagrant, et les paysans vont s’attacher à produire un cheval de plus en plus étoffé, mais conservant ses aptitudes au travail et sa rusticité, de là vient ce petit cheval montagnard que l'on retrouve aujourd'hui. Au début du XXème siècle, la mécanisation et l’amélioration des voies de transport aidant, cette production diminue, et la population se raréfie. Les derniers sujets seront reconvertis dans la production de viande. Malgré un apport massif de sang breton puis comtois, l’expression de gènes très dominants a permis à cette branche de perdurer, et péniblement, arriver jusqu’à nous, mais en rangs clairsemés. Cependant, l’animal a conservé ses principales caractéristiques de départ : sa rusticité légendaire, une parfaite adaptation au pays Auvergnat, une grande polyvalence et un caractère précieux.
Le cheval d'Auvergne aujourd'hui
Avec 700 sujets à ce jour, la race de cheval d'Auvergne reste fragile, mais se développe, en Haute-Loire, en particulier sur le Mézenc. Il est reconnu depuis décembre 2012. Les effectifs restent toutefois insuffisants. « Pour définir la race, il a fallu rechercher les points communs des chevaux présents sur un territoire donné », indique Céline Leydier.
Le cheval d'Auvergne n'est pas un cheval lourd. « Il est entre bréviligne et longiligne, autrement médioligne. Il peut être utilisé pour la traction animale, l'attelage ou la randonnée. Cette dernière destination offrant le plus de débouchés pour les produits d'élevage. Les éleveurs ont du mal à répondre à la demande, tant celle-ci est importante pour des femelles qui partent dès 6 mois. Les mâles sont gardés pour être éduqués. L'animal au caractère tranquille est donné comme étant plutôt proche de l'homme. « C'est un compagnon de la maison, son dressage est relativement facile. Il n'en possède pas moins de la volonté », précise Céline Leydier.
Les caractéristiques physiques du cheval d'Auvergne
Il doit « rentrer dans le carré », une ligne entre l'épaule, la hanche et le sol. Le standard privilégie un crin fourni pour le protéger des intempéries, une tête expressive, une ganache prononcée, un œil ouvert et souligné, un « nez de renard ».
Son modèle est celui d’un Postier léger. Il mesure de 143 cm à 157 cm. Bai clair, cerise, cuivré, foncé ou noir pangaré, les extrémités noires sont bien marquées. Les balzanes haut chaussées et listes larges sont exclues. Poils fins, crinière simple ou partagée, parfois double, légèrement ondulée, queue très fournie, fanons abondants. Sa tête est petite, courte et expressive. Son chanfrein est rectiligne (plutôt concave), oreilles petites et mobiles. Son œil est bordé, en amande, avec arcades sourcilières saillantes, ses naseaux bien ouverts. Son encolure est légèrement ronde, une épaule plutôt droite avec un garrot un peu noyé. Le poitrail est ouvert, éclaté, le dos court et large, avec une croupe double. Vous sentez le cheval confortable ?
Ajoutez à cela un caractère vif et généreux, bon porteur, sociable et rustique ; vous obtiendrez évidemment un excellent cheval de rando. « On recherche aussi des animaux osseux au niveau des articulations, des chevaux porteurs pour la randonnée », ajoute l'éleveuse, dont les poulains sont nés dehors, mais sous surveillance. Les chevaux de race d'Auvergne sont des petits chevaux de loisir très polyvalents, ils excellent en tourisme équestre comme en attelage. Ils offrent également de bons services en école d'équitation où leur physionomie et leur doux caractère rassurent les néophytes tout en convenant fort bien aux cavaliers plus aguerris. C'est aussi un partenaire idéal pour le trec.
Sauvegarder la race Auvergne
Depuis 1996, l'association pour la relance et la sauvegarde du cheval d'Auvergne travaille à renouer avec l'histoire du cheval en Auvergne à travers ces actions de reconnaissance et de promotion de la race et de gestion du cheptel.
Alors si vous partez dans cette belle région, foncez le rencontrer. Soyez certains qu’il saura vous séduire.